Dieu dirige tout avec force et douceur,
pouvons-nous lire au livre de la Sagesse (8,1). Il dirige nos vies pour nous
faire réaliser parfois des choses imprévisibles au plan humain. Un bel exemple
de cette action de la Providence, c’est la vie d’un Canadien, l’abbé Arthur
Terrien, que le goût de l’aventure conduisit au Chili pour préparer, à son
insu, la venue des Oblats dans ce pays.
Cet apôtre légendaire de la Pampa des Andes, senor Terrien, comme l’appelaient les gens du pays, est né à Watton, au Québec, d’une famille très pauvre. Il n’avait que seize ans lorsqu’il dut émigrer aux États-Unis, en 1896, pour y gagner sa vie dans les filatures de la Nouvelle-Angleterre. Se sentant attiré vers la vie religieuse, il se rendit plus tard chez les Frères de Sainte-Croix, à Montréal, et y vécut sept ans. Mais son esprit d’indépendance finit par prendre le dessus sur cette vie de réclusion. En 1916, il part pour l’Ouest et aboutit en Oregon. Durant quelque temps, il y enseigne le français et il finit par s’engager comme matelot à bord d’un navire marchand en route vers l’Amérique du Sud. Il descend au Chili et s’installe à Iquique, comme professeur au collège Don Bosco de cette ville.
Au mois d’octobre 1943, il obtient de l’évêque d’Iquique sa retraite du clergé diocésain. Il souffre des yeux et de rhumatisme. Il désirerait revoir sa patrie, le Canada, s’il est encore temps!
Cependant, il ne cesse de répéter: «Que la volonté de Dieu soit faite et non la mienne.» Il ne devait revoir ni sa patrie ni sa famille. On le trouva mort, dans sa chambre d’hôpital, le 13 juin 1944. Il était âgé de soixante-quatre ans. Durant toutes ses randonnées dans la pampa, il demandait souvent au Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans les vastes champs du Chili. Sans s’en douter, il avait préparé la venue des Oblats. En effet, au mois de décembre 1948, quatre d’entre eux, les pères Albert Sanschagrin, Robert Voyer, Maurice Veillette et René Ferragne arrivaient à Santiago pour s’installer au milieu de la population chilienne.