XIIe Lettre du P. Général à la Congrégation
La récession globale actuelle de l’économie
Chers frères Oblats,
La crise économique que le monde commence de ressentir depuis les derniers mois, nous affecte tous. Nous parlons d’une récession globale, la pire depuis 50 ans. Beaucoup de denrées essentielles sont devenues plus chères, des gens que nous connaissons ont perdu leur travail, et les ressources financières de la Congrégation ont été amputées de plus d’un quart.
La crise est une réalité complexe, difficile à comprendre et nous avons beaucoup de questions à son propos. Comment a-t-elle pu arriver? En sortirons-nous d’ici un an ou deux ? Quelles leçons devrions-nous en tirer ? Actuellement, personne n’est à même de présenter une interprétation totale de ce signe des temps, mais tous en sont affectés et nous devons répondre du mieux que nous pouvons. Quelques uns de nos responsables oblats ont déjà exposé quelques analyses et suggestions. Nous remercions le Trésorier général pour la note qui est jointe ici, et certains Provinciaux pour les messages qu’ils ont adressés à leurs Provinces. Nous remercions aussi les Oblats engagés dans Justice, Paix et Intégrité de la Création, pour l’exploration du contexte de la crise qu’ils ont faite, avec d’autres Oblats concernés.
Le Conseil général m’a encouragé, pendant la session de février, de traiter la question de la crise, dans une lettre à la Congrégation, à laquelle un mot de notre Trésorier général serait attaché. Ma lettre commence par une comparaison, débouchant sur une courte analyse, je passe ensuite à une réflexion sur les valeurs de l’Evangile, pour offrir quelques suggestions pratiques à chacun et terminer, en formulant des propositions concrètes, à l’intention des Provinces, Délégations et Missions.
1. Une comparaison et une brève analyse
Comme la question est complexe et demanderait de connaître l’avenir, ce qui n’est pas à notre portée, commençons par une comparaison. Utiliser une image peut nous aider à saisir la situation un peu plus facilement. Imaginons que soudain nous découvrons qu’existe une pénurie d’essence dans toutes les stations-service. Chaque fois donc qu’un manque d’essence menace, tous les propriétaires de véhicules vont faire très attention à la manière dont ils conduisent. Il faut absolument éviter que le réservoir ne soit vide quand on est sur la route, on va donc moins conduire. Deuxièmement, on essaiera de prévoir pendant combien de temps la pénurie va durer et faire des provisions en conséquence ; le réservoir doit être rempli au moins partiellement avant que la dernière goutte ne soit utilisée. Troisièmement, tous n’ont pas de voiture, mais si le carburant vient à manquer tous en seront affectés au moins indirectement, par exemple à cause du manque des transports ou à cause de la montée des prix, suite au renchérissement de l’essence. Quatrièmement ceux qui ont un véhicule ont un devoir de solidarité ; ils doivent maintenir leurs voitures ou camions en fonction, au service de tous et assurer au moins les choses les plus nécessaires comme le soin des malades, l’approvisionnement en eau et en nourriture, ou conduire les gens au travail, à l’école etc.
La crise économique que le monde traverse a des effets semblables au manque d’essence, et peut-être que la comparaison peut nous aider à formuler une analyse de base
a) Tout d’abord, la crise financière exige de nous, comme administrateurs de certaines ressources financières, d’être de bons gérants et d’être prévoyants afin de ne pas tomber en panne sèche au cours d’un voyage crucial.
b)Ensuite, la crise nous provoque à estimer le temps pendant lequel elle peut durer. Plusieurs pensent que nous devrions faire des réserves pour ces deux prochaines années, afin de survivre avec les maigres rentrées actuelles. Mais pour les Oblats, il ne suffit pas de considérer l’acuité de la crise financière, il nous faut aussi tenir compte de la question plus vaste du déplacement graduel de la Congrégation dans les pays pauvres. Enfin nous ne devrions pas négliger les questions écologiques ; à ce moment de l’histoire la stabilité écologique de la planète elle-même est menacée, et la génération actuelle porte la lourde obligation d’y faire face. Conclusion : la « pénurie de carburant » peut donc être un problème qui nous tiendra compagnie pour quelque temps encore.
c)Nous devons aussi reconnaître que nous sommes “propriétaires de véhicules”. Les voitures ou les camions en notre propriété, ne sont pas à notre seul usage; nos moyens sont le ‘patrimoine des pauvres’ (R22a) et ce fait nous met face à notre responsabilité envers les plus vulnérables.
Après cette analyse très élémentaire, avant de passer à l’action, il convient de nous rappeler qui nous sommes et de recourir aux valeurs de l’Evangile qui fondent notre vocation de Missionnaires. C’est un bon moment pour méditer le message du Christ, et la section de nos Constitutions et Règles qui traitent du conseil évangélique de pauvreté.
2. Recourir à nos valeurs
Ce qui est demandé en ce moment, aux religieux que nous sommes et à tous les chrétiens est bien plus qu’un replâtrage rapide et quelques réflexions superficielles. Ce qui nous est demandé c’est de pratiquer la vertu de pauvreté. La crise nous pousse à nous poser deux questions fondamentales : où en sommes-nous de la confiance en Dieu ? Quelle est notre attitude envers les pauvres ?
* Pour ce qui est de la confiance en Dieu : croyons-nous que Dieu garde son alliance avec nous ? Dieu est-il toujours le premier et le tout de notre vie, ou bien les soucis matériels ont-ils envahi notre cœur, Le mettant de côté, Lui, son Alliance et sa Providence ? Avons-nous oublié de contempler « comment poussent les lys des champs ? » (Mt. 6,28)
* Si nous pensons aux pauvres, nous pouvons employer une image de la Bible. Lazare est à la porte de l’humanité, mais les riches n’y font pas attention, bien au contraire, ils festoient tous les jours. Faisons-nous partie des riches ? Pouvons-nous changer de camp pour être avec Jésus qui nous invite à son tour, à travers cette parabole, à rester avec Lazare lui-même ?
Alors, ne devrions-nous pas avoir quelque chose à offrir aux pauvres, de la part de tant d’Oblats qui ont pratiqué la vertu de pauvreté de façon exemplaire ? La crise nous invite à compter sur la fidélité de Dieu qui nous lie de tant de façons à ceux qui sont dans le besoin. Dans ma Méditation Missionnaire de Janvier, j’ai souligné la solidarité comme valeur qu’il nous faut chérir tout particulièrement en ce temps de crise. Il n’y a que la solidarité qui puisse reconstruire la confiance mutuelle, tellement malmenée actuellement, et qui est à la base de l’économie. Comme Oblats nous vivons déjà cette solidarité ; nous pouvons même dire que nous nous trouvons dans une situation financière précaire suite à notre « spécialisation » dans les missions difficiles ; à cause de notre option d’aller de préférence là où vivent les pauvres, nous sommes rarement payés pour notre travail. Maintenant, que la crise est là, nous devrions être encore plus heureux de nous trouver proches des pauvres, en solidarité avec eux ; ils sont comme une famille que nous essayons d’aider et qui nous soutiendra aussi dans notre mission, lorsque le pire arrivera.
Oblats, rendons-nous compte que nous ne sommes pas perdus dans le temps et isolés les uns des autres ; rappelons-nous que la Congrégation est toujours une. Solidaires, aidons-nous les uns les autres, autant que nous le pouvons. Si nous agissons ainsi entre nous, notre exemple sera pour les gens auprès desquels nous travaillons comme un message de solidarité.
3. Propositions applicables à chaque Oblat
Si notre réponse de religieux et de chrétiens à la situation présente consiste surtout à croire de façon nouvelle à la Providence de Dieu, à être solidaires entre nous et proches des pauvres, qu’est-ce que cela signifie concrètement? Les suggestions suivantes se fondent principalement sur des remarques faites par des confrères Oblats, et des pensées recueillies ici et là.
- Ce temps-ci est une bonne occasion pour nous rappeler qui nous sommes: nous sommes une société missionnaire, fondée sur les valeurs évangéliques et préoccupée de la cause même de Dieu ; une société basée sur la pauvreté apostolique, vécue par Jésus et sur Son amour préférentiel pour les pauvres.
- Ce temps-ci est une bonne occasion pour reconnaître que le système économique actuel globalisé nous cause des problèmes; la raison en est, selon certains, qu’il a “omis de prendre en compte deux réalités très importantes : les milliards de gens qui sont obligés de vivre avec moins de $2 dollars par jour et l’impact qu’il a sur le système écologique “.
[1] - C’est un temps pour être réalistes. Il faudra peut-être six ans pour retrouver les sommes que nous avons perdues en six mois. La pauvreté augmente dans le monde et les ressources pour soutenir notre mission diminuent ; nous devons donc restreindre nos budgets et chercher de nouvelles sources de revenus.
- Partout dans le monde, les Oblats devront faire face à leurs propres responsabilités, mais il se peut que certaines Provinces aient besoin d’un coup de pouce extérieur sous forme d’accompagnement professionnel ou de biens matériels
[2].
- Un dernier point et non des moindres, touche notre vie personnelle et communautaire où il s’agit de prendre quelques décisions, même si apparemment cela ne fait pas une grosse différence financièrement. Voici des exemples de choses à faire: diminuer les dépenses personnelles, restreindre les voyages, adopter un comportement qui respecte l’environnement, faire un travail qui rapporte davantage, être plus courageux pour solliciter nos bienfaiteurs.
Allons jusqu’à dire que ces mesures que nous pouvons prendre personnellement et dans nos communautés locales sont essentielles à notre réponse. La foi et les valeurs oblates ne deviennent réelles que si elles nous amènent à nous interroger sur la perception de nos besoins ; à la longue elles nous conduiront à un style de vie plus simple. Est-ce encore possible ? ou bien sommes nous déjà tellement habitués à une vie confortable qu’il ne nous est plus possible de revenir à plus de simplicité ? Cela sera possible si nous trouvons les vraies motivations. Changer notre vie comme réponse à la pauvreté ce n’est pas juste une question de dépenser un peu moins. Notre motivation devrait être « avoir moins » pour « être plus » ; être plus en développant nos relations, en devenant plus respectueux de Dieu, des gens et de la nature.
Le prochain Chapitre ne nous appelle-t-il pas à la conversion ? Comme Jésus dans le désert, nous sommes tentés – mais à la différence de Jésus, nous avons peut-être péché et nous nous trouvons dans le besoin d’un baptême de conversion. Nous sommes tentés par un style de vie facile et confortable, totalement étranger aux souffrances des pauvres et des victimes de la violence ; la conversion nous fera choisir, avec force, perspicacité et courage, un mode de vie simple, plus proche des pauvres et de Dieu ; avoir moins pour être plus. Alors notre vie correspondra à notre prédication, et nous deviendrons de vrais signes prophétiques pour un monde qui a tellement besoin de voir les valeurs de partage, de compassion et de sacrifice, dominer dans l’action.
Cette crise pourrait être une occasion en or et un moment providentiel pour passer de l’avoir plus à être plus. Même si les conditions matérielles redevenaient meilleures, ce changement du cœur devrait se maintenir. Même alors, nous devrons questionner les systèmes économiques qui exploitent les pauvres et détruisent la Création de Dieu.
4. Propositions à nos Provinces, Délégations et Missions
Tout ce que nous pouvons faire personnellement, dans nos communautés locales est de grande importance et transformera petit à petit notre façon de vivre à nous tous. Cependant, il nous faut aussi regarder le niveau des Provinces et des autres Unités oblates. C’est ce niveau qui coordonne la mission, inspire notre attention aux pauvres y compris nos familles, stimule le soin des malades et des personnes âgées et soutient la formation. Permettez-moi de souligner trois choses qui s’appliquent aussi à toutes les grandes organisations financières dans la Congrégation.
- La première nous appelle à rendre compte. Si les ressources sont rares, c’est plus nécessaire que jamais de faire savoir à nos confrères et à nos bienfaiteurs nos revenus et nos dépenses. Si la crise financières est une crise de confiance, nos devons construire la confiance mutuelle en commençant entre nous et cela se fait en rendant compte de notre gestion. Nos finances oblates consistent à faire bourse commune et à vivre la pauvreté apostolique. En conséquence, tout, y compris notre aide aux pauvres ou une aide d’urgence à des membres de nos familles, tout doit être discuté en communauté. Une bonne méthode pour atteindre cette transparence est la pratique des budgets.
[3]- La seconde a trait à nos dépenses. Dès maintenant, nous devons commencer à réduire nos budgets de 8 % à 10% et même plus. Dans l’avenir immédiat, nous devrions retarder les grandes dépenses pour les constructions, évitant ainsi de diminuer nos réserves. Nous devons identifier ce qui nous coûte le plus : les véhicules ? les voyages ? certains programmes ? Une analyse de nos dépenses nous aidera à planifier de façon efficace.
- La troisième se réfère à nos revenus. Notre Trésorier général pose trois questions concrètes :
a) Quelles actions pourrions-nous faire pour augmenter les revenus venant des activités pastorales et missionnaires des Oblats?
b) Quelles actions pourrions-nous faire pour augmenter les campagnes de dons au plan local, pour soutenir la Mission oblate?
c) Que pourrait faire chaque Unité pour augmenter le niveau d’aide venant de sources non oblates?
[4]Voilà trois des quatre « piliers », sources de revenus d’une Province - ou autre Unité - qui devrait se renforcer, alors que le quatrième, celui des investissements, est devenu plus faible.
Pour exprimer ces suggestions à l’intention des Provinces dans une formule brève, on pourrait dire : « Présentez vos comptes, diminuez le budget, faites payer votre travail, faites-vous aider.»
Pour conclure, rappelons-nous où réside la source de notre force comme missionnaires. Si notre réponse à la récession est reliée aux niveaux les plus profonds de notre être : une foi vivante, une espérance inébranlable et une charité généreuse, alors nous aurons le courage de garder nos yeux largement ouverts, de faire les bons choix et de mener à terme nos décisions. Les capacités administratives, bien qu’importantes ne suffisent pas ; cette crise nous appelle à mettre notre confiance en Dieu. C’est un temps de renouveau. Reviennent à notre esprit, les mots prophétiques de Jérémie :
“Ainsi parle le Seigneur: Maudit, l’homme qui compte sur des mortels, sa force vive n’est que chair, son cœur se détourne du Seigneur. Pareil à un arbuste dans la steppe, il ne voit pas venir le bonheur ; il hante les champs de lave du désert, une terre salée, inhabitable.
Béni soit l’homme qui compte sur le Seigneur : le Seigneur devient son assurance. Pareil à un arbre planté au bord de l’eau qui pousse ses racines vers le ruisseau, il ne sent pas venir la chaleur, son feuillage est toujours vert ; une année de sécheresse ne l’inquiète pas, il ne cesse de fructifier. » (Jer. 17,5-8)
Puisse cette crise financière tirer le meilleur de nous-mêmes comme Missionnaires Oblats de Marie Immaculée. Puisse l’intercession de Saint Eugène et du Père Tempier, notre premier trésorier, nous assister, puisse Marie qui a partagé le ménage de l’Apôtre Jean nous obtenir la paix du cœur, puisse Saint Joseph nous aider à faire confiance à la Providence de Dieu.
Rome, le 30 mars 2009
P. Wilhelm Steckling, OMI
Supérieur général
ANNEXE : Message du Trésorier général
À: Wilhelm Steckling omi
Supérieur général
P. Rufus Whitley omi
Trésorier général
Date: 2-mars 09
À la demande du Supérieur général et du Conseil, je vous soumets les observations suivantes sur la crise financière. Je présente aussi quelques suggestions d’actions aptes à nous aider à faire face à cette crise.
Introduction et Contexte
À la session du Conseil général de janvier / février 2009, nous avons été confrontés aux demandes de plusieurs Unités de la Congrégation, touchées par la crise financière, déclenchée par l’actuelle tempête économique mondiale. Cette tempête a affecté substantiellement leur réponse dans les domaines de la mission et de la formation.
Cette crise affecte non seulement les Oblats et les autres religieux. Beaucoup d’Unités ont exprimé clairement, par l’entremise de leur Conseiller général, la peine qui frappe les pauvres et les victimes directes et indirectes des conséquences désastreuses de cette tourmente financière, ce naufrage désastreux. Avant toute autre considération, mettons en avant le poids de la crise sur les familles, dû à la perte des emplois, l’absence des services et des chances toujours plus rares. Cela devrait nous rappeler l’ampleur de la crise et la gravité de son impact, alors que nous faisons face à nos difficultés internes propres, et nous aider à reconnaître les effets multiples de la crise.
C’est dans ce contexte que les budgets de l’Administration générale et des Fonds qui soutiennent les activités de la Congrégation ont été revus et que des mesures appropriées ont été prises. Le contexte global de la mission et de notre charisme nous interpelle, alors que nous considérons nos propres difficultés internes en vue de trouver une réponse à la crise.
La crise est réelle
Tant les ressources de la Congrégation que les réserves de l’Administration générale ont été amputées par la crise. Ce fait, pour nous comme pour tous, entraîne avec lui des problèmes, aussi bien pour le court que pour le long terme.
Nous devons gérer la diminution à court terme des ressources financières, de manière à sauvegarder les capacités de la Congrégation et de l’Administration à soutenir la mission, non seulement aujourd’hui mais aussi à l’avenir. Il faut éviter des réponses à court terme, apparemment attractives, qui hypothèqueraient par la suite, la viabilité du système à long terme.
Réponse
En répondant à la crise, il faut nous référer à la Const. 150 et aux Règles correspondantes:
150. Comme la Congrégation est missionnaire par nature, les biens temporels de l’Institut sont avant tout au service de la mission.
R 150a. Tout en pourvoyant aux besoins des membres, grâce à ses revenus, la Congrégation cherchera les façons de partager avec les autres ce qu’elle possède, spécialement avec les pauvres.
R 150b. Comme le placement des biens de la Congrégation n’est pas sans relation avec les questions de justice, on sera particulièrement attentif à ce que nos investissements ne soutiennent pas des entreprises qui exploitent les pauvres ou détériorent l’environnement, mais qu’au contraire ils cherchent à encourager celles qui de quelque façon les favorisent.
Ces Constitution et Règles signalent trois points d’attention :
1. Gérer prudemment notre revenu et nos dépenses afin d’assurer les finances nécessaires à la subsistance et à la mission des Oblats, en particulier la formation et le soin des Oblats âgés.
2. Reconnaître les besoins supplémentaires dus à la crise, chez les personnes que nous servons.
3. Respecter nos responsabilités éthiques dans les procédures et les pratiques d’investissement.
Gérer prudemment notre revenu et nos dépenses
Toutes les données indiquent que la situation actuelle ne s’améliorera probablement pas d’ici la fin de 2009 et même au cours de 2010. C’est pourquoi il faut agir et préparer l’Administration générale et la Congrégation à passer ces deux prochaines années. Dans cette perspective, le budget de l’Administration générale a été réduit de 8%. Les points qui ont été significativement réduits voire éliminés exigeront de certains Départements de l’Administration générale de réduire ou carrément de supprimer certaines activités, prévues pour 2009.
Nous avons aussi approuvé une contribution supplémentaire pour les candidats en formation première afin de maintenir le niveau actuel.
Comme vous le savez, les revenus de l’Administration générale proviennent de deux sources:
1. La contribution annuelle de chaque Unité basée sur sa catégorie et le nombre de ses membres.
2. Une distribution prudente venant du Fonds Tempier
Nous avons réduit le budget de l’Administration générale afin de nous conformer à une répartition prudente des investissements de 5% selon la moyenne de la valeur du marché, des trois années en cours. Nous reconnaissons qu’outrepasser ces limites, bien qu’utile à court terme, nous mènerait à de sérieuses difficultés de budget dans les années à venir. Nous voulions assurer que les prochains membres du Conseil général puissent disposer des ressources nécessaires pour s’acquitter de la mission qui leur est confiée.
3. Respect de nos responsabilités éthiques
Les Supérieurs majeurs et les Trésoriers informent annuellement la Congrégation des performances éthiques et financières des activités d’investissement. Le Supérieur général et le Conseil ont réaffirmé leur engagement aux principes éthiques d’investissement édictés par l’Administration générale:
* exclure tout investissement en des sociétés ou par des institutions qui violent les principes éthiques de la Congrégation.
* utiliser nos investissements pour faire pression sur les entreprises et les institutions pour qu’elles changent les pratiques et politiques qui violent ces principes.
Suggestions pratiques pour le court terme
Quand vous écrivez aux Supérieurs majeurs, aux supérieurs et/ou trésoriers des Missions, j’ai bon espoir que notre processus va aider les Unités de la Congrégation et chaque Oblat à répondre à la crise.
Il peut donc être utile de suivre les principes suivants :
1. Investissements: Vous tenir à un taux de 5% pour la répartition des revenus espérés de vos investissements (5% sur une moyenne des trois années en cours).
2. Budget
- Etablir un budget qui équilibre les dépenses et les rentrées espérées, prévoyant que le budget pour l’aide à ceux qui souffrent doit pouvoir être augmenté
- Envisager de réduire les dépenses totales de 8 à 10% voire plus, si c’est nécessaire.
- Y a-t-il des dépenses non essentielles qui peuvent être évitées : voitures, voyages, etc. ?
- Appliquer ou utiliser un processus pour réviser les finances de 2008; identifier les domaines où des réductions de dépenses ou d’accroissement des revenus sont possibles.
- Remettre à plus tard certains programmes ou activités.
- Remettre à plus tard certains achats majeurs
- Remettre à plus tard certains projets non essentiels ou certaines constructions.
3. Etudier ce qui peut augmenter les revenus : Revoir les quatre sources de revenus (investissements, travail des Oblats, dons recueillis sur place, dons venant de l’étranger)
a. Que peut-on faire pour augmenter les revenus gagnés par les Oblats?
b. Que peut-on faire pour augmenter la récolte de fonds au niveau local et soutenir ainsi la Mission Oblate?
c. Que peut faire l’Unité pour augmenter son niveau de soutien à partir de sources étrangères non-oblates? (Votre unité a-t-elle considéré ses activités de manière à ce que sa planification originale puisse intéresser des donateurs étrangers ? Avez-vous utilisé les services du Directeur des Projets?)
La Campagne des Ressources Missionnaires et le Programme de Partage du Capital
La situation actuelle renforce les intuitions (vision à long terme) de la Campagne des Ressources Missionnaires et des Programmes de Partage du Capital. Rappelons que ces intuitions fonctionnent sur deux niveaux :
1. Le niveau Macro
2. Le Micro: au niveau de l’Unité ou de la communauté
Niveau Macro
La Campagne des Ressources Missionnaires et le Partage du Capital I et II, ont, au niveau macro, pratiquement atteint leurs objectifs. Ceci, bien évidemment, grâce à la Solidarité et la Générosité des Unités oblates.
Niveau Micro
Le niveau local, au plan de l’Unité ou de la Communauté représente un défi à long terme, mis en lumière par la crise financière actuelle. La Campagne des Ressources Missionnaires interpelle chaque Unité à évaluer ses finances en termes d’autosuffisance, solidarité, intégrité et la valeur du travail. On espérait que cette évaluation conduirait à un usage plus efficient et effectif des ressources disponibles ou potentiellement disponibles. Voici peut-être arrivé le moment opportun, vu la crise financière, les demandes d’aide qui arrivent et les cris que nous entendons journellement, de redonner vigueur à nos efforts au plan local ou de l’Unité pour stimuler nos efforts au service de la mission. Ceci a déjà été mentionné en partie précédemment. Alors :
1. Mettez en œuvre et évaluez les programmes et activités qui permettront d’augmenter les collectes de fonds au plan local
2. Revoyez et évaluez les efforts pour augmenter les revenus gagnés par les Oblats, afin de soutenir la vie et la mission de l’Unité et de la Congrégation
3. Développez l’usage de budgets systémiques au niveau de l’Oblat de base, des communautés et de l’Unité, avec supervision et évaluation appropriées.
Ce n’est qu’en faisant correspondre les ressources reçues de l’extérieur, soit par la Congrégation soit par d’autres sources, aux ressources internes, produites par l’Unité elle-même que la vie et la mission oblates seront viables et florissantes, ces vingt prochaines années.
Une considération additionnelle
La crise financière affecte plus durement ceux qui ont le moins de ressources: les pauvres. Ceci vaut aussi pour les Unités oblates. Les Unités oblates financièrement dépendantes, en ressentent les effets personnellement et dramatiquement plus que les Unités oblate financièrement assurées. Cependant toutes les Unités sont touchées.
Les Unités financièrement plus sûres ne seront plus capables de fournir le même niveau de soutien à la Congrégation et à ses Unités comme elles l’ont fait par le passé, puisqu’elles luttent pour maintenir leurs propres programmes de formation et leurs engagements envers les Oblats âgés, les lieux de retraite et les soins de santé appropriés.
Conclusion
Le défi est clair. Le moment présent est en même temps une épreuve et une unique chance pour utiliser la crise afin de nous rapprocher des gens et pour renforcer notre solidarité oblate et notre mission. Soyez sûrs que si vous sollicitez l’Administration générale pour aider votre Unité à faire face à un moment spécial de sa vie, nous ferons de notre mieux pour vous fournir le soutien voulu.
Respectueusement vôtre,
Rufus Whitley, OMI
[1] P. Seamus Finn, OMI, dans un article sur “Doctrine sociale de l’Eglise et la Crise financière ». Il suggère ensuite: “L’Eglise peut offrir beaucoup de leadership moral dans les domaines suivants: (1) le rôle des gouvernements dans la société, (2) le bien commun, (3) l’option pour les pauvres, et (4) l’expression de la vérité écologique”
[2] En lançant la Campagne des Ressources Missionnaires, en mai 2003, nous voulions bâtir sur “les valeurs de l’Evangile: la solidarité et une administration responsable des dons de Dieu » ainsi que sur un plus grande autosuffisance ”.
[3] Le Trésorier général suggère, dans le message joint, de “développer un budget systémique au niveau des Oblats personnellement, des communautés, des Unités, avec contrôle et évaluation ”.
[4] Cf. le message en annexe.
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